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Essai de la Moto Suzuki C1800R Intruder

Type : Custom Low Rider
Prix d'achat (modèle testé) : 14 000 €
Puissance maxi : 114 cv
Couple maxi : 155 Nm à 3 500 tr/min
Poids : 350 kg
Puissance/poids : 240 kW/t
L : 2 585 mm
Autonomie : 19 litres = 300 km
Consommations
   • du test : 6,25 l/100



 

« Sors ton Cromwell, Gamin !  Prends ta bécane et on va se faire une arsouille ! »  Aujourd’hui, grâce à l’importateur belge des motos Suzuki, je roule en Intruder C1800R, la « gentille » des gros V-Twin du constructeur.  Noire, étincelante de ses chromes, lourde, large, cette machine a la gueule et le rugissement d’un monstre.  Elle en impose avec ses trois cent cinquante kilogrammes de tonnerre !  Pourtant, elle reste docile, même pour le petit gabarit qui acquiert le minimum de technique et la manie dans l’équilibre.  D’autant que sa selle, à seulement septante centimètres du sol, est accueillante et confortable et que le grand guidon est remarquable d’efficacité bien qu’il exige un pilotage confirmé. 

Suzuki fait du beau matériel.  L'Intruder est remarquablement finie.  Puis un Low Rider, ce n'est pas une mob !  Elle réclame de passer le chiffon toutes les deux heures pour que les chromes rutilent.  Vous y verrez le ciel de l'Équateur s'y refléter à côté des arbres, des luminaires des autoroutes belges qui défilent, le soleil qui se cache derrière les nuages, le regard de votre Belle qui pense à vous, et tous les radars à qui vous faites la nique parce que vous roulez au moins dix kilomètres à l'heure trop lentement pour eux !  Faisons gaffe quand même parce qu'un petit lâcher de la main droite vous mène illico au-delà des limites qui ne sont plus tolérées chez nous. 

Le bouchon du réservoir d'essence, à clef, doit être posé pendant le remplissage rendu difficile par une pièce métallique qui empêche le pistolet d'entrer profondément dans la cuve de dix-neuf litres.  Prenons notre mal en patience.  C'est ça aussi le low riding !  Les rétroviseurs sont impeccables alors que le klaxon ne correspond pas à l'idée qu'on se fait de cette bécane... Pour une Deuch, oui ! Pour l'Intruder, j'aurais préféré la trompe de paquebot !  Pour le côté pratique de la trousse d'outils, de la bagagerie, etc., ce n'est certes pas la moto avec laquelle je quitterais les sentiers bien battus.  Puis, je considérerais une assistance avec envie !  Pour le vol, une bonne garantie, c'est le poids de la machine.  Ou bien, une toute petite place réservée dans le garage qu’elle remplira à elle toute seule.  Elle cédera un peu de son espace pour votre Solex, quand même !

Un mètre vingt d’envergure aux rétroviseurs et quatre-vingts aux pose-pieds qui adorent laisser du métal sur le bitume dans les virages : ce ne sera pas l’arme fatale le matin dans les embouteillages citadins.  Surtout que l’empattement lui confirme une tenue de route idéale dans les lignes droites et les larges courbes.  Pour ce qui est des changements de files, ce serait galère de s’y jeter.  Pas question de faire du trial en ville.  On concèdera qu’il y a, dans ces cas-là, d’autres solutions plus efficaces que l’Intruder, custom lourd, long et aride.  On a compris qu’inviter une Intruder 1800 en ville, c’est l’emmener sur un terrain qui n’est pas le sien. 

Toutefois, la prise en main se fait sans difficulté pour le motard averti qui va user et abuser du contre-braquage dans les courbes, tout en se réjouissant du couple omniprésent.  Un minimum d’attention est nécessaire en première et en seconde à faible vitesse.  Le doigt sur l’embrayage est de rigueur pour prévenir le calage.  Il y a aussi la technique bien connue des utilisateurs de scooter : le léger surrégime maintenu en même temps que le frein avant est contrôlé…  Son domaine, ce sont les grands espaces, les routes de vacances, les sites monumentaux, à son image !  Là, c’est un custom avec un large pneu arrière qui impose une conduite attentive.  Vingt-quatre centimètres de large, ça ne doit pas se trouver chez tous les épiciers.  Je ferais volontiers une commande à l’avance quitte à me débarrasser du Solex pour caser le pneu à sa place dans le garage. 

Les grands gabarits de près de deux mètres sont à l'aise sur cette moto, dans une position de conduite détendue. La selle basse permet de manoeuvrer facilement le tiers de tonne à l’arrêt.  Le dos reste droit alors que je craignais de le sentir s'arrondir. Les commandes sont redoutables d'efficacité.  Les pose-pieds guident les pieds vers l'avant, ce qui est requis pour un custom. Les changements de vitesse imposent le lever du pied et une action ferme. Le point mort se trouve avec facilité. Le passager devra par contre chercher sa position... Ne comptez cependant pas sur moi pour m'installer là derrière.

Il faut être un minimum mélomane pour se remplir les oreilles de la musique du moteur.  La liste des non-équipements est longue pour celui qui aime son confort au coin du feu !  Ni MP3, ni Bluetooth, pas de GPS, encore moins de park-assist, de cruise-control, d'air-co, d'ordinateur de bord, de poignées chauffantes, de compte tours.  Ça, il y a une autre marque qui a tout ça et l'airbag en prime.  Avec l'Intruder, c'est le plaisir de prendre le vent dans la tronche, de rester derrière les voitures dans les files, de laisser passer les piétonnes aux passages zébrés et profiter de la vie !  Y a des gens qui ne peuvent pas comprendre.

L’arsouille est finie.  Nous avons eu quelques jours de soleil sans pluie et, à peine la clef remise chez l’importateur, le ciel lâche les hectolitres d’eau qu’il avait conservés pendant la semaine.  D’un seul coup. « Range ton Cromwell, Vieux Frère !  Ta nuit sera peuplée de doux rêves d’antan… ».  Et on se reverra dans dix ans !  Même jour, même heure !

 

André-Louis De Laet
http://www.essai-automobile.com
Juin 2008



 


 

André-Louis De Laet - Belgique - Belgïe
Vertaling : Waldorf
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