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Essai de la Subaru B9 Tribeca 3.0R bva5 - 245cv - Frank Poisin
Type : SUV
Prix d'achat du modèle testé : 51.200 €
Puissance maxi à 6.600 tr/min
Couple maxi : 297 Nm dès 4.200 tr/min
Poids : 1.990 kg
Autonomie : 64 litres = 510 km
Puissance/Poids : 90,45 kW/t
Émission de CO2 (test) : 298 gr/km
Émissions théoriques d'échappement
• CO2 = 291 gr/km
• CO = 0,364 gr/km
• NOx = 0,028 gr/km
• HC = 0,073 gr/km

 


Les véritables qualités de ce véhicule ne sont malheureusement pas visibles pour le premier venu, à moins d'un coup de coeur esthétique, exclusif ou d'amateur averti et connaisseur.  Une tenue de route extraordinaire, un comportement ultra sécurisant et une fiabilité hors normes ne se remarquent qu'à l'usage et qui plus est dans des situations parfois exceptionnelles : vivement l'hiver !  Mais dans ces cas-là, et à ce prix, le plaisir est véritablement sans limites et à nouveau, Subaru tracera l’itinéraire que d'autre se contenteront d'emprunter.  Étonnant pour un véhicule dont le nom est issu du quartier de TRIangle BElow CAnal Street de New York !

 

Le menu du jour est largement étoilé et c'est en plus au volant du sommet de la gamme d'un constructeur du pays du soleil levant qu'il faudra, comme toujours, se limiter à salir sans casser.  Espérons que cette journée se déroule sous des astres sans catastrophe.

Le marketing et ses arguments faisant vendre tout et n'importe quoi à qui que ce soit, et surtout aux crashes tests dummies, il me paraît important de relever de manière un peu détournée l'identité de la marque au travers de son emblème.  Mercedes n'a que trois étoiles réparties sur la longueur du véhicule (devant, au milieu et derrière).  Les losanges en partagent cinq avec certains palaces versatiles en faillite (n'y voyez aucune relation).  Subaru, car c'est de lui dont il s'agit, en affiche fièrement six au milieu de ses calandres quasi inconnues des structures déformables de l'EuroNCAP.  D’accord !  Le pendant d'outre-Atlantique qu'est l'IIHS ne s'amuse pas non plus avec les marques confidentielles sur son territoire, mais cet institut a au moins le mérite de connaître celle qui nous intéresse aujourd'hui.

Depuis de nombreuses années, Subaru a su se démarquer de manière audacieuse face aux stéréotypes de l'automobile.  Qu’est-ce qui rend superflus les contrôles de stabilité chez Subaru ?  Trois éléments principaux.  D’abord, une architecture moteur à cylindres opposés.  Ensuite, une boîte à vitesse dans son prolongement avec une répartition des forces entre l'essieu avant et arrière bigrement efficace en toutes situations.  Enfin, un souci constant de maintenir un centre de gravité aussi bas que possible.  Sur ses derniers modèles toutefois, les portes sont de nouveau affublées d'un cadre de fenêtre, dont l'absence était aussi une sorte de signature, et un soupçon d'électronique s'immisce dans une mécanique digne d'une montre suisse de prestige.  Le constructeur nippon, resté discret, mais apprécié des connaisseurs pendant longtemps, s'est largement fait connaître par ses résultats en rallye automobile sur tous les continents, et ce, depuis près de vingt ans.  Une qualité de conception et de construction lui permet de garder une certaine longueur d'avance, mais surtout d'occuper de manière souveraine et sans artifice le haut du classement dans les statistiques des pannes, des crashes tests et des enquêtes de satisfaction.

La concurrence commence à faire des malheurs dans la sphère des SUV haut de gamme. Subaru y apporte, avec son B9 Tribeca, une réponse à l'arrogance de chiffres de puissances, de poids, d'accélération,  et d'autres arguments marketing et d'image alourdissant une addition déjà gratinée par une collection de bottins téléphoniques d'options en tout genre.  Ici, tout est compris et le choix du cinq ou sept places sera la principale source d'hésitation.

Conçu initialement pour le marché américain, le B9 Tribeca s’importe donc en Europe avec les qualités et les défauts connus des véhicules venus du nouveau continent.  Ainsi, vous découvrirez qu'il est possible de consommer beaucoup d'essence en roulant calmement.  L'ordinateur vous informe en permanence des deux positions de l'indicateur de consommation instantanée : zéro litre quand le moteur arrêté, et au-delà du raisonnable, au moindre effleurement de la pédale de droite.  Certes, le flat-6 de trois litres et deux cent quarante-cinq chevaux est noble, mais glouton façon calories de fast-food : vite et beaucoup.  Le calme de rigueur se prolonge avec la boîte de vitesse dont le label Sporshift ne laissait pas présager une torpeur aussi méditerranéenne.  En mode manuel ou automatique, les cigales de la sieste viennent agrémenter quelques rossignols inconnus jusqu'alors sur les modèles de la marque.  Il est vrai qu'à force de faire de la modularité et du design…  Ben les pièces mobiles, garnies de cuir et de moquette pour certaines, de simples plastiques pour d'autres, vous rappellent de manière parfois surprenante que l'insonorisation du monde extérieur est réussie et que l'amortissement confortable du vaisseau ne renie pas pour autant une cousine championne de la sphère des rallyes. 

Revoir sa conduite et se la jouer tranquille au volant, tel est le message que Subaru pourrait faire passer aux acquéreurs de ce SUV.  Sa simplicité de prise en main et la sérénité qui en découle contribueront sans aucun doute à circuler sur des routes plus sûres, n'en déplaise aux pourfendeurs de 4x4 urbains.  En effet, ornithologie exceptée, la suppression du monde extérieur au poste de pilotage du Tribeca se prolonge jusque dans le toucher du cercle de cuir qui ne remonte pas beaucoup d'informations quant à ce qui se trouve sous les roues avant.  Pourtant, la vision offerte du bord, l'ambiance de l'habitacle lumineux, le ressenti de sécurité et de fiabilité de l'ensemble et la garantie du constructeur de trois ans (extensible sur certains marchés) sont autant d'éléments qui évoquent les origines de l’industriel japonais. 

Vous survolez la route dans un jardin japonais, doucement bercé par le glouglou du précieux liquide s'écoulant avidement dans le gosier du félin à six pattes. Le doux ronron de celui-ci évolue parfois en un feulement eurythmique même pas couvert pas les discrètes, néanmoins présentes vocalises du mobilier.  Le tout un brin agité par les lentes trépidations que le maître des lieux impose au bonsaï central réveillant une lointaine pignonnerie.  Le visage, le torse et les jambes caressés par une légère brise que distille la ventilation régulée automatiquement, vous êtes serein, confortablement assis dans une position idéale que l'absence de réglage en profondeur du volant ne saurait ternir.

Bon, ben si vous ne dormez pas à ce moment-là c'est normal, car tout ce qui précède contribue largement à devenir respectueux de vous-même et des autres.  Le pilotage détendu laisse la place à l'attention pour autrui.  Effectivement, votre agressivité se dissipe et vous vous étonnez à ne plus pester contre une calandre bavaroise pressée remplissant votre rétroviseur (et bientôt votre coffre).  Ni pour un lambin qu'un tire-bouchon de GTI ferait bien de décapsuler.  Ni d’ailleurs pour un scooter téméraire souverainement évité (même sans ESP !).  Encore moins pour un piéton distrait au guidon de son portable, surpris au milieu de la route et de la rédaction de son SMS par votre courtoisie bonhomme et compatissante.  Et si c'était ça la civilité routière ?

En se faisant violence, il est possible de retrouver l'esprit qui a révélé la marque.  Changer un peu la position de conduite et s'approcher du volant, ne pas rechigner à alourdir de manière ostensible sa semelle droite et hop, c'est parti.  Ce véhicule peut alors se métamorphoser en quelque chose de très vivant et dynamique !  Les virages serrés sont avalés sans roulis, dans la trajectoire idéale avec si on le souhaite une légère dérive de l'arrière ou un comportement sous-vireur classique qu'un relâchement anticipé de l'accélérateur saura endiguer naturellement.  Un freinage stable et correctement endurant ralentira les plus de deux tonnes de l'engin sans vous envoyer dans le décor.  Un équilibre incroyable laissant loin derrière toute concurrence, même (em)bardée d'électronique, teutonne, british ou blonde du nord. 

Le raisonnement simple du centre de gravité bas, de la transmission symétrique aux 4 roues et ce quelque chose en plus d'indéfinissable qui a fait la réputation des Subaru éclate enfin au grand jour, mais il faut aller le chercher...  loin.  Certaines vidéos disponibles sur la toile en font d'ailleurs un véritable tube lorsque les 6 étoiles japonaises sont comparées à des concurrents sérieux : Subaru AWD vs other AWD bientôt à la Six Stars Ac ! Et si l'inévitable devait se produire !  Entendons un endormi déboulant à 64km/h et qui n'aurait pas remarqué votre discret SUV au travers de ses paupières closes à huit pour mille au moins.  Effectivement, sachez que la sécurité passive implantée dans les productions du constructeur nippon sont largement au-dessus de certaines réalisations concurrentes, pourtant vendues comme très "sûres" sous nos latitudes !

Ni chèvre ni baudet, il faut se contenter des sentiers carrossables.  Sur les chemins, le couple fait merveille et à aucun moment vous ne pourrez mettre la transmission intégrale en défaut, sujet parfaitement dominé depuis des décennies par la marque, précurseur souvent oublié en la matière.  À un rythme plus que soutenu, vous demeurerez le capitaine sans jamais vous faire dégrader en second de troisième classe.  Même la direction, qui pouvait sembler un chouia insipide, s'apprivoise et vous permet quelques figures dessinées avec précision. 

Les mouvements de caisse sont tellement maîtrisés que les angles pris ne pourront pas vous donner le mal de mer et que l'horizon restera majoritairement parallèle avec le capot.  Les malheureux cinq rapports de la boîte se réveillent alors, certes timidement, mais ils répondent quand même présents à l'appel, pour autant que celui-ci se maintienne haut, constant, fort et...  rouge.  Le gros problème réside en fait dans le gosier insatiable emmenant l'auto, car à un rythme aussi soutenu l'autonomie moyenne garantie par les 64 litres du réservoir fondra comme beurre au soleil couchant.

 

Septembre 2007


 


 

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Frank Poisin - Suisse
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