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Essai du Land Rover Freelander 2.2 TD4 HSE - 150cv
Type : SUV luxueux
Prix d'achat du modèle testé : 48.630 €
Puissance maxi à 4.000 tr/min
Couple maxi : 400 Nm dès 2.000 tr/min
Poids : 1.770 kg
Autonomie : 68 litres = 730 km
Puissance/Poids : 62,15 kW/t






 


 

Si mes souvenirs sont bons, c'est en 1975 qu'eût lieu ma rencontre du premier type avec la marque Land Rover dans le garage familial. Un magnifique « Série I » en cours d'aménagement en véhicule de dépannage... À chaque visite dans l'arrière-fond de l'atelier, c'est toujours avec un peu d'aide que l'ascension à bord s'est fait, histoire de passer un super après-midi calé dans le cambouis entre le volant et les pédales, l'absence de siège associée à ma croissance débutante ne me permettant décemment pas d'accéder à autre chose. C'est donc tout naturellement que l'attrait des quelques leviers à ma hauteur a éveillé en moi une passion qui ne m'a plus jamais abandonné. Alors quand un Land est à l'essai...

Bon, d'accord, un Land est un Land, un Range un Range, un Disco un Disco, mais un Freelander, késako ? Quelques souvenirs déjà lointains d'un V6 automatique de première génération, qu'il m'a fallu très vite oublier quand le Freelander 2 Td4 HSE auto du jour m'a été confié. Bigre, qu'il est loin le temps des 86 pouces du châssis de mon enfance. Comme moi, malheureusement diront les puristes, la bête a pris de l'embonpoint, tant au niveau des dimensions que de la balance. Certes très tendance, cette pratique expansive va de pair avec une arrivée massive d'électronique en tout genre, pour le meilleur et parfois pour le pire.

Richement dotée, la version d'essai disposait de tout le superflu pour un véhicule censé présenter l'accès à une marque de légende en matière de véhicule tout-terrain. Et c'est là que la leçon se doit d'être révisée, car si mes voyages africains m'ont aidé à me rendre compte qu'en matière de véhicule, aller à l'essentiel permettait d'aller là où on veut et en revenir. Les attirails en tout genre peuvent parfois vous y conduire, plus rarement vous en ramener. Il est étonnant d’ailleurs que la pagaille d’électronique embarquée n’avertisse pas qu’une fenêtre, ou le toit ouvrant, soit ouverte au moment du verrouillage.  Ce serait dommage que l’une de ces malheureuses tornades que les météorologues nous promettent à l’envi vienne gorger d’eau les méandres informatiques de ce bijou britannique. 

Clairement le Freelander, n'est pas de la trempe d'un franchisseur, mais il a au moins le mérite d'ouvrir une voie dans un parc de SUV de luxe qui se contente des trottoirs, celle d'un véhicule sensé pouvoir se sortir d'un mauvais pas sans salir le smoking du pilote et d'un simple tour de bouton, le tout sans étoile au bout du capot. Trônant fièrement en avant du sélecteur de vitesses, la molette du système Terrain Response qui permettra de s'en remettre entièrement à une électronique embarquée en choisissant le type de galère à franchir, pour autant que le troisième maître à bord sache dans quoi il a mis ses roues, et surtout l'arrière gauche, histoire de goûter au bonheur. Ce système développé par Land Rover redéfinit nombre de paramètres tant au niveau du moteur, de la transmission que du contrôle de traction et est censé apporter au Freelander des capacités hors piste intéressantes. Les roues de dix-neuf pouces sont épaules par une roue de secours, étonnamment en dix-huit pouces ! 

Aguiché par le truc, c'est plein d'entrain que l'accès à mon spot d'essai préféré s'est déroulé, enchaînant avec bonheur et rapidité les lacets graillonneux d'un chemin encore carrossable. L'ambiance à bord durant le trajet était presque sereine, le comportement un brin joueur du train arrière à ces allures devenant progressivement festif, à en oublier les quasi deux tonnes de l'ensemble. La recherche de certaines commandes de ventilation au milieu de l'acné juvénile des consoles de bords actuelles s'est montrée quelque peu hésitante et finalement la bonne vieille méthode de la fenêtre légèrement ouverte m'a permis d'évacuer plus rapidement l'humidité envahissante de la dernière averse subie, digne de la verte Albion.

Un moteur PSA/Ford accouplé à une boîte auto assez rapide, de même que la tolérance de l'ESP à quelques extravagances voulues, rendent la conduite sur piste ma foi assez plaisante, même si un sous-virage parfois trop prononcé vous rappelle à l'ordre. L'accord des suspensions est bon, bien que l'arrivée en butée se manifeste de manière violente et sèche; la qualité de l'assise n'y pourra rien. Heureusement que la vision surélevée que procure l'engin permettra d'anticiper la prochaine ornière à éviter dans l'embardée garantie en cas de freinage d'urgence sur terrain dégradé.

Et en parlant de rigole, un sourire éclaira sûrement ma mine de gamin réjoui à la vue de mon premier talus, que je décidai d'aborder sans élan, et sans le secours du Terrain Response, laissé en position standard. Le sommet n'est jamais arrivé et les diverses essais effectués sans essor, dans tous les modes possibles des aides électroniques à disposition, m'ont rappelé les dires d'un instructeur de la marque de Solilhul à propos d'un Def : s'il n'y a pas de blocage de pont, c'est pour préserver la mécanique et l'intégrité des passagers. Pardi, quand ça ne veut pas, c'est qu'il y a une raison qu'une approche avec un brin de vitesse m'a permis ici de contredire. La faute à un débattement un peu juste sans doute… Quoique !

Circulez, y a rien à voir donc, et les tentatives d'enchaînement se succédèrent. Constat : tant qu'un chouia d'inertie est présent, ça passe, d'autant mieux quand les deux roues avant touchent le sol (l'effet Haldex ?). Par contre, se sortir d'un mauvais pas n'affolera pas les chronos, au demeurant peu lisibles sur l'engin, du moins pour le compteur de vitesse. Mais à l'arrêt ou à deux à l'heure, quelle importance ? Ainsi, le décimètre manquant, départ arrêté, n'a pas été franchi au bout de plusieurs minutes d'effort électronique. Sans doute le respect des traditions britanniques s'est-il imposé dans les méandres des ordinateurs embarqués, car la douce bataille pour quitter un coin à peine tordu s'est étranglée à l'heure du thé par une surchauffe de la transmission qui s’est traduite par l'indisponibilité de la cavalerie.

Vingt minutes plus tard tout de même, alors que j’étais un peu refroidi par l'expérience, l'aventure se poursuivait en renonçant toutefois à engager l'engin dans des endroits apparemment au-dessus de la réputation de la marque. Un peu surprenant, d'autant que la température extérieure n'a pas dépassé les vingt degrés Celsius. Mais je suis certain que sortir d'un parking souterrain au coeur de la City ou franchir la pente enneigée d'accès au garage chauffé de sa résidence de Megève ne posera aucun problème, même sans sélectionner le bon mode. Attention toutefois à la moquette intérieure, des fois que quelques vers de terre aient endommagé le green du golf et maculé votre dernière double acquisition en cuir de vachette.

Se voulant polyvalent et luxueux, le Freelander 2 l'est assurément, à tout le moins pour celles et ceux qui sauront rester raisonnables, hormis lors de la signature du chèque. L'accès au "so british" a un prix que la liste d'option fait rapidement atteindre les sommets que d'autres franchiraient sans artifices. Ainsi, puristes de la marque, passez votre chemin au volant de votre Def ou Serie. Pour les autres qui chercheraient un engin capable de crapahuter un peu plus sérieusement dans un bon confort, le marché de l'occasion de la gamme Rover devrait vous séduire. Mais pour ceux qui veulent afficher un baby Range au pied du trottoir de votre agence de crédit, pas de soucis, le Freelander 2 répondra certainement au bien-être de votre ego.

 

 

 

Août 2007


 


 

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Franck Poisin- Suisse
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