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Essai des motos Inyaka
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INYAKA QUE TU VAS A MOTO

Longtemps considérée comme un véhicule de transport utilitaire bon marché, puis perçue comme le moyen d’expression de liberté d’une jeunesse à sa recherche, souvent auréolée d’une image de marque désolante, la moto semble aujourd'hui avoir atteint une maturité permettant à tout un chacun de l’utiliser en toute confiance et avec beaucoup de sécurité.


C’est désabusé et maussade que je rentre à la maison ce soir. A table, je suis bougon en expliquant à mon épouse que j’ai manqué trois rendez-vous sur ma journée, dont un avec les représentants d’un important groupe étranger. Pour la société que je dirige, je me tracasse des contacts perdus et des heures qui seront nécessaires pour retrouver la confiance de nos partenaires déçus. Chaque fois, je me suis trouvé dans ma voiture fortement ralentie dans les encombrements de la circulation. Je m’interroge sur l’organisation de mes journées de travail. Ai-je réellement planifié trop de réunions ? Ai-je à ce point négligé les temps de déplacement ? Quelles solutions dois-je envisager pour limiter ces désagréments ?

Mon fils, prodige universitaire d’un nouveau temps — l’informatique — glisse au dessert un «INYAKA QUE TU VAS A MOTO !» péremptoire avant de quitter la table. Je ne parviens toujours pas à me faire à cette génération capable de se comprendre en dépit d'une telle limite de vocabulaire et d'une syntaxe aussi pauvre.

Mon fils croit-il réellement que les affaires d’aujourd’hui se réalisent avec une moto. Qu’elle permet d’emporter des dossiers ? Comment se prémunir contre les intempéries ? Et puis, vraiment, me voit-il gambader sur un monstre si souvent décrié comme dangereux, salissant et nauséabond ? Quels seraient les commentaires de mes collaborateurs ? Peut-être penseraient-ils que je prends du bon temps pendant qu’eux travaillent pour la bonne marche de mon entreprise.

Et pourtant

Cette histoire se déroulait il y a deux ans, à la fin du printemps. Le lendemain matin, je m’entretenais avec des amis et je fus surpris de me rendre compte que certains d’entre eux, lassés des heures perdues dans le trafic, avaient aménagé leurs déplacements, qui à d’autres heures, qui par vidéoconférence, qui à deux roues…

Dans la branche dans laquelle je travaille, le contact face à face est l’un des garants des collaborations fructueuses tant avec les fournisseurs qu’avec les clients. Je suis tenu et je tiens à rencontrer mes partenaires. Je ne veux pas confier à une image vidéo, par exemple, le charisme qui contribue à ma réussite.

En demandant à ma secrétaire de trouver quelques sociétés louant des motos, j’appréhendais un sourire ironique. J’ai préféré déceler une expression approbatrice.

Deux heures plus tard, j’enfourchais une moto récente laissant tous mes souvenirs d’adolescent au vestiaire. Il n’y a en effet rien de comparable entre ma 250cc deux temps de l’université et l’engin confortable que je conduisais sur l’autoroute Malines-Bruxelles. Je sortais de chez un «motociste» compétent, recommandé par un confrère.


Changement de perspective…

Depuis deux ans, j’ai eu l’occasion d’améliorer ma connaissance du monde actuel de la moto et je souhaite vous en faire découvrir quelques aspects.

Le plus important, certes, a été de découvrir et d’estimer mon énergumène de fils sur un terrain d’entente et de respect mutuel. D’avoir pu atteindre avec lui le monde enchanteur de nos balades familiales à deux roues.

Je dois aussi reconnaître que depuis, je n’ai plus loupé le moindre rendez-vous important pour mes affaires. Est-ce seulement grâce à la moto ? Est-ce parce que j’ai enfin compris le sens du «INYAKA QUE TU VAS A MOTO !» de mon fils, m’invitant à apprécier autrement la vie ?

Je puis seulement vous confier que je me sens heureux aujourd’hui avec une passion, modérée, pour la moto qui m’a permis de voir les gens et les choses qui m’entourent avec un regard insolite. Une jeunesse inédite peut-être…

11 mars 1995

 


 

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André-Louis De Laet - Belgique
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