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L’image de marque du constructeur Opel est
passe-partout, sans point fort unanimement reconnu. Pourtant, le
constructeur allemand sort de belles carrosseries (Manta, Calibra,
Tigra, Frontera…) et de très bons moteurs. Depuis le
salon de Genève où le concept-car a été
présenté, les performances et les qualités
sportives sont mises à l’honneur et le Speedster de
série est le porte-drapeau tout désigné pour
ce nouvel élan. Inutile de vouloir passer inaperçu
avec une telle ligne. D’autant que le modèle testé
est rouge muleta ! Le Speedster est un véhicule anticonformiste
et non-rationnel.
Son moteur central, l’Ecotec 2.2 l, vous projette de 0 à
100 km/h en juste moins de 6 secondes. La même accélération
qu’à moto… Il est souple, fiable, économique
et d’un entretien minimal. Le réservoir d’environ
36 litres vous assure une autonomie de quelque 350 km. Peu sinon
pas d’accessoires : l’indigence électronique.
Pas de fioritures, de montre, de clim, de verrouillage centralisé,
de direction assistée, d’ESP (Empêcheur de Survirer
en Paix), pas d’alerte de niveau minimum de carburant non
plus (pousser 870 kg jusqu’à la prochaine station,
ce n’est pas le diable, mais votre aura en sera ternie),…
La liste des non-équipements est assez longue pour affirmer
la sportivité de la machine et pour en limiter le poids.
Avec cette masse ridicule, les quatre freins à disques sont
efficaces, eux aussi, pour donner des sensations. Outre les deux
paillassons, la seule moquette de la voiture se trouve dans le coffre.
À côté de la bombe anti-crevaison (c’est
moins lourd qu’un Bridgestone de 17 pouces janté),
vous avez place pour les bagages de madame et votre portable.
Vous rangerez la capote repliée derrière les sièges
quand la météo le permettra. À ce moment, le
speedster développe toute sa mesure. La position basse des
occupants les met à l’abri du vent, les sensations
de conduite au niveau du sol sont enivrantes. Dommage que la course
de la commande de la boîte de vitesses soit trop longue à
mon goût. Les bruits métalliques sont omniprésents
et c’est tant mieux. C’est du plaisir de conduire enthousiasmant
et envoûtant que vous offre Opel pour quelque 31.500 euro
(TMC de 867 euro et TR de 384 euro). Certains diront que ce prix
est excessif pour une Opel. Je trouve qu’il est particulièrement
attractif pour une sportive exclusive. D’autant que la diffusion
limitée du modèle (3000 exemplaires) garantit une
forte valeur de revente à celui qui saura préserver
assez longtemps son Speedster en bon état. À quand
un turbo complémentaire et la transmission sur les quatre
roues ?
Au volant du Speedster dans les files du matin, les monospaces
sont plus hauts que des grattes ciel, la moindre Smart devant soi
est aussi impressionnante que l’écran IMax, le plus
petit des scooters qui vous dépasse est une girafe au trot
et la coccinelle fait office de plésiosaure. Les vitres latérales
plongent littéralement sur les bas de caisses des berlines
traditionnelles. Heureusement, certains 4x4 vous dégagent
une vue grandiose sous leurs essieux. Plus bas que le Speedster,
il n’y a que les karts !
L’inconfort du Speedster est indéniable et pourtant
acceptable. Les suspensions sont fermes (sans être dures)
et rendent le comportement efficace. Les dépassements décoiffent,
les reprises sont toniques et la direction est directe, sans assistance.
Pourtant, la conduite peut, aussi, être cool. La souplesse
de la mécanique rend la bête docile et facile à
conduire. Le plaisir prend vite le dessus, avec la possibilité
quand même, de respecter la plupart des limitations de vitesses.
Le plus amusant, quand on a mon gabarit, c’est de se glisser
dans ce fortin d’aluminium et de composites ou de s’en
extirper. Je me suis entraîné pendant une semaine et
j’ai retrouvé mon corps et ma condition physique de
mes vingt ans. La procédure : d’abord, entrer les deux
jambes, sinon la gauche reste à la maison, s’asseoir
sur le longeron du châssis, prendre une grande goulée
d’air, plonger sous le volant et tomber comme par miracle
dans le cuir du baquet complètement reculé. Il ne
reste plus qu’à attacher la ceinture. L’espace
sous la capote est largement confortable, je peux encore grandir.
Étonnamment, malgré l’absence d’inclinaison
de dossier, la position de conduite est idéale. Les commandes
essentielles (et l’allume cigare d’une époque
révolue) tombent sous la main et l’espace proposé
est acceptable pour deux adultes.
Pour s’extraire, c’est simplissime. Se vider de ce
qui reste d’air dans les poumons, passer la tête et
les épaules sous la custode grâce à une rotation
savamment couchée, prendre appui sur le dossier avec la main
droite et sur la poutrelle (ou par terre, ce n’est pas plus
loin) de la main gauche. Puis, hisser le bassin sur le marchepied
du premier étage, entamer un grand écart pour poser
le pied senestre sur la carpette du salon et retomber sur ses pattes
comme par enchantement. Ne pas oublier de glisser les clefs dans
la pochette du veston avant d’entamer les deux procédures.
Je vous jure, ça marche !
Pour les nains de moins d’un mètre quatre-vingt, c’est
de la rigolade. Ils “ descendent ” dans le Speedster
aussi aisément que je monte dans un MACK ou un GMC. Quand
la capote est ouverte, je vous fais un salto carpé arrière
avec vrille coudée. Quand vous voulez !
Février 2002
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