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Que pensez de ces constructeurs qui annoncent tout et n’importe quoi à propos de la consommation de leurs modèles. Vous imaginez une Volvo S80, grosse berline familiale, lourde à souhait, consommer environ cinq litres de diesel par la simple magie de quelques lettres apposées sur sa carrosserie : DRIVe. L’importateur belge a relevé le défi de nous convaincre en nous confiant une de ses voitures pendant une semaine. Il est certain que les consommations peuvent être réduites par une série d’artifices techniques ; toutefois, si le conducteur maintient ses comportements ancestraux de pied au plancher, d’accélérations foudroyantes, de coups de freins permanents, les avancées technologiques déclareront forfait immédiatement.

Le pilote participe pleinement au succès
Le pilote avec ses gestes posés et réfléchis est un des maillons principaux des limitations de rejets de CO2 et de substances toxiques dans notre environnement. Les chiffres annoncés par Volvo pour son vaisseau amiral de plus de quinze quintaux à vide, près de deux tonnes pour notre essai, laissent rêveur : 4,9 litres aux cent kilomètres. Au terme d’une semaine de trajets citadins, autoroutiers, sur des départementales, de routes sinueuses dans les contreforts du Jura et des Vosges, entrepris avec trois adultes à bord, la réalité est très proche de la théorie : 5,2 litres aux cent. Qu’est-ce que les ingénieurs ont pu imaginer comme astuces pour faciliter cet exploit ?

Comment réduire les consommations
Tout d’abord, ils ont décliné une motorisation répondant au fameux downsizing dont tout le monde parle. Au lieu de glisser un gros bloc de deux litres quatre de cylindrée, ils ont fait appel à un petit diesel d’un litre six de contenance à peine. Ce moteur concocté par PSA, le HDi de 110 chevaux, s’est vu associé à une boîte manuelle de cinq vitesses longues. Les frottements aérodynamiques et ceux du sol ont été traqués. Par exemple, le châssis est baissé de deux centimètres à l’avant et d’un et demi à l’arrière, les jantes sont redessinées et des déflecteurs sont posés devant les roues afin d’améliorer la traînée. Plus de la moitié des ouvertures de la calandre a été obturée. Les roues ont chaussé des pneus Michelin Energy Saver de dix-sept pouces. La gestion électronique du moteur est repassée sur le bureau d’études et l’assistance électrohydraulique réduit aussi les consommations d’énergie, l’huile du moteur atténue les frictions.

Et le plaisir dans tout cela ?
Ce que l’on craindrait lorsque l’on utilise au quotidien ces cylindrées inférieures, c’est que le plaisir ne soit plus au rendez-vous et que les relances manquent de piment. Dans le cas de la S80, la vivacité est présente grâce au couple de 240 Nm même si les rondeurs des gros cubes se sont effacées. Il vous faudra bien redescendre d’un ou de deux rapports au moment des dépassements osés : le prix est faible pour les intérêts financiers et l’empreinte sur la nature. La technologie DRIVe concoctée par Volvo a le mérite de s’appliquer à toute la gamme des modèles aux côtés des solutions classiques. Sept Volvo arborent dorénavant ce label gage d’un civisme respectueux de l’environnement.

La sécurité des Volvo
Au-delà de toutes ces considérations qui focalisent leur lot d’attentions, la S80 est une voiture de prestige qui maintient les avantages que les Volvo avaient su mettre en évidence les dernières décennies. Qui contestera encore les soucis de sécurité des concepteurs, ceux de confort, de bien-être, de rassurance qui font de ces véhicules des objets de choix pour les déplacements quotidiens. Les boiseries traditionnelles en bois véritable sont magnifiques pour les yeux et pour les doigts et les matériaux des contreforts des portes, du tableau de bord, confirment que vous êtes dans un salon ambulant bien plus que dans un simple engin de transport.

Silence, on roule…
Les bruits du moteur s’effacent au possible et il nous a fallu vérifier les chiffres sur la carte grise, la rose aujourd’hui en Belgique, tant les premières sensations tendaient à supposer une cylindrée nettement supérieure. Les insonorisations appliquées sous le capot, les vitrages feuilletés participent à la discrétion feutrée alors que l’on se serait attendu à des tonalités plus envahissantes pour mouvoir les deux tonnes. Une fois l’allure à la fois calme et rapide adoptée, le vaisseau Volvo s’est laissé mener tout en permettant les conversations à l’intérieur de l’habitacle. À défaut, la radio distillait soit ses interviews, soit ses concerts…

Améliorations possibles
Seule ombre au tableau, le GPS intégré fait tache ! Sa conception du siècle dernier datant des prémices des systèmes de navigation ne fait plus illusion. Nous ne pourrions que conseiller de l’éviter et de le remplacer par des appareils nomades nettement plus évolués. Nous avons déjà commenté les hérésies qu’il propose encore alors que tous les concurrents sont passés à la vitesse supérieure. Une fois adoptées les commandes derrière le volant, compris la structure des menus qui est bien élaborée, les résultats à l’écran prêtent à confusion. Pas moyen de visualiser l’itinéraire avec les triangles disposés sur les routes et les grandes échelles montrent des informations inutiles pour monsieur Tout-le-Monde.

Routière hivernale du grand Nord
La S80 équipée de pneus d’été s’est magistralement comportées sur les voies enneigées que nous avons rencontrées lors de notre péripétie : en Belgique, les trajets nocturnes nous ont évité les embouteillages colossaux que les médias ont largement commentés. En Suisse, les 40 centimètres de poudreuse et les congères couvrant la moitié de la chaussée n’ont pas eu raison des qualités intrinsèques de la Volvo. C’est un régal de la conduire !

© André-Louis De Laet
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Février 2010